INFOLETTRE AVRIL - MAI 2025 - MYSTÉRIEUX CHAMPIGNONS
Le printemps est à nos portes et il ne reste que quelques semaines avant le début de la saison mycologique. Les plus chanceux qui demeurent au sud du Québec ou dans l’Estrie, débuteront la saison deux à trois semaines avant moi, qui demeure dans les Laurentides et ou le printemps qui fleurit et pousse arrive vers la fin avril début mai! Comment parler des champignons du printemps sans parler des morilles et des gyromitres!
Parce que j’ai plusieurs nouveaux abonnés à mon infolettre (ou pour ceux et celles qui veulent se rafraîchir la mémoire), j’ai mis dans la section PARTAGE, l’infolettre d’avril 2024 qui porte spécifiquement sur les Morilles et les Gyromitres. Suivez ce lien pour la lire : INFOLETTRE AVRIL 2024 LES MORILLES ET LES GYROMITRES — CHAMPIGNONS SAUVAGES - GUYLAINE DUVAL.
MYSTÉRIEUX CHAMPIGNONS
Avez-vous remarqué que les champignons dégagent toujours une aura de mystère ? Ils surgissent du sol comme par enchantement, là où il n’y avait rien la veille, apparaissant soudainement, sans raison apparente, comme venus de nulle part… par magie !
Cette crainte qu’ils inspirent est-elle innée ou acquise ? L’être humain les a-t-il toujours redoutés, ou est-ce l’accumulation d’accidents qui l’a rendu méfiant face à ces organismes étranges ?
Les champignons ne laissent personne indifférent, oscillant entre fascination et appréhension. Du petit champignon brun, en apparence anodin, mais aux pouvoirs hallucinogènes ouvrant les portes d’autres réalités, aux Amanites blanches, messagères de la mort, en passant par les précieuses Morilles, Truffes, Cèpes et Chanterelles, joyaux incontestés de la gastronomie.
D’une incroyable diversité de formes, de couleurs, de saveurs et de parfums, les champignons éveillent l’imagination, que l’on soit mycologue, gastronome, artiste, scientifique ou simple promeneur en forêt.
Leur nature complexe se reflète aussi dans leur impact sur notre organisme. Bien que la plupart soient comestibles, certains peuvent être difficiles à digérer pour certaines personnes. Ces intoxications, bien que rarement graves, peuvent être fort désagréables. Toutefois, les espèces toxiques et mortelles, bien que minoritaires, méritent une attention particulière. Sans connaissances adéquates, la cueillette de champignons sauvages pourrait s’apparenter à une partie de roulette russe. Tout cueilleur doit être conscient des risques et assumer la responsabilité de ce qu’il récolte et partage.
Un débutant devra s’en tenir aux espèces qu’il est absolument certain d’avoir identifiées correctement. En réalité, sauf pour quelques variétés aisément reconnaissables (comme le Pied-de-mouton, le Lactaire délicieux ou les Vesses-de-loup), les premières expériences devraient être consacrées à l’observation et à l’identification.
Avant chaque nouvelle saison, il est recommandé de revoir les chapitres consacrés aux empoisonnements afin de ne pas oublier l’existence des champignons toxiques et les précautions à prendre.
Se lancer dans la cueillette et l’étude des champignons demande patience et rigueur. Les premières récoltes ne serviront pas tant à la consommation qu’à l’apprentissage. Mais il ne faut pas se décourager : chaque observation est une pièce de plus dans le puzzle, et avec le temps, la patience et l’attention aux détails, l’image d’ensemble se précisera. Les marches en forêt et l’observation de la nature n’est jamais une perte de temps, mais un enrichissement permanent.
HISTOIRE D’EMPOISONNEMENTS ?
Voici trois histoires. Elles démontrent la complexité et l’ambiguïté dans les cas d’empoisonnements aux champignons sauvages. Souvent, quand les gens me racontent des histoires d’empoisonnements, ils n’ont aucune idée quel champignon à causé l’empoisonnement. (C’est normal puisque clairement, s’il se sont intoxiqués, c’est qu’il ont mal identifié ce qu’ils ont cueilli).
DES ARMILLAIRES DU CHAMPAGNE ET DU MASCARPONE
Une dame qui me dit cueillir et consommer des Armillaires communs depuis plusieurs années, donne une partie de sa récolte à des amis. L’armillaire commun (Armillaria ostoyae) est un champignon qui peut parfois causer des troubles gastro-intestinaux chez certaines personnes. Il faut bien le faire cuir, il faut le cueillir jeune et il peut être confondus avec certaines espèces toxiques.
Le couple d’amis, ravi de ce présent, apprête les champignons, puis, soir de fête, les servent à leurs convives avec du champagne et du mascarpone.
Quelques heures après le repas, tout le monde commence à se sentir mal et bientôt souffrent d’indigestion. Qu’est ce qui a vraiment causé cette intoxication? Le champagne? Le Mascarpone? Les champignons?
Et si les coupables était les champignons : Étaient ce bien des Armillaires? Étaient-ils trop vieux? Mal cuits?
UN SOUPER RÉUSSI?
Je prépare un repas aux champignons sauvages pour six personnes. Au menu : Lactaire délicieux, Armillaires communs, Pleurotes tardif, Trompettes (craterelles), Cèpes, Chanterelles communes, Coprins chevelus et Marasmes d’oréades. Nous avons tous partagé un beau repas, avec du bon vin. Tout va bien.
ARMILLAIRE COMMUN - (Armillaria ostoyae) - aussi appelé ARMILLAIRE COULEUR E MIEL
Le mari de l’une des convives n’a pas pu assister au souper. Nous lui préparons une assiette de lapin aux chanterelles et de fromage de chèvre aux marasmes des Oréades, que nous avons également dégustés. Elle lui apporte son repas, qu’il mange sans hésitation.
Quelques heures plus tard, il souffre d’une forte indigestion. Pourtant, aucun des autres invités, qui ont consommé le même repas ainsi que d’autres champignons en abondance, n’a ressenti le moindre malaise.
Que s’est-il passé ? Réaction allergique ? Souffrait-il d’autre chose ? Était-il craintif à l’idée de consommer des champignons sauvages ? L’assiette s’est-elle gâtée durant le transport ?
MARASMES D’ORÉADES ET ???
Un ami avec qui j’avais déjà cueilli des Marasmes d’oréades décide un jour de partir seul à la recherche de ces délicieux petits champignons. Tout fier de sa belle et abondante récolte, il passe me voir et m’en laisse la moitié.
Quelques heures plus tard, en nettoyant les champignons, je remarque la présence de petits spécimens bruns… qui ne sont pas des Marasmes d’oréades ! Aussitôt, j’appelle mon ami pour lui faire part de ma découverte. Pris de panique, il jette immédiatement toute sa cueillette.
De mon côté, après un tri minutieux, j’ai conservé les Marasmes d’oréades et me suis régalée de plusieurs repas sans le moindre symptôme d’intoxication. Mais… qu’aurait-il pu se passer si mon ami avait consommé sa récolte ? S’il l’avait partagée avec quelqu’un d’autre ? S’il l’avait servie à des convives ? Et si je n’avais pas remarqué ces intrus ?
Ces histoires illustrent bien la complexité des intoxications aux champignons. Dans les deux premières histoires, il n’est pas clairement déterminé quelle est la cause de l’indigestion. Dans la troisième histoire, sans l’œil d’un connaisseur, mon ami aurait juré qu’il avait cueilli des champignons inoffensifs.
Mon but n’est pas de vous effrayer, mais de vous rappeler l’importance d’une vigilance absolue lors de la cueillette et de la consommation de champignons sauvages.
